Textes explicatifs
En vue de mieux se connaître entre monastères …
un jumelage prometteur.
Avez-vous déjà regardé grandir et s’éclore des fleurs ?
Dans un jardin terrestre, oui, probablement !
Le matin, elles s’éveillent pour la louange de Dieu.
Le matin du mardi 13 février, elles s’éveillaient pour se rejoindre. Mais de qui parle-t-on ?
Tout simplement, des sœurs de Vermand et de Senlis. Une première, pour inaugurer notre jumelage.
Nos sœurs sont arrivées comme des fleurs tout irisées au cœur de l’Eucharistie. Puis nous nous sommes accueillies si joyeusement que nos tiges s’inclinaient les unes vers les autres en de belles retrouvailles autour d’un café.
Ensuite, la composition florale que nous formions se dirigea vers la cuisine pour la confection des crêpes et l’aménagement festif du réfectoire.
Soudain, la cloche tinte. Toutes les fleurs vont se replonger à la Source du Christ pour chanter l’office. Quelle joie de mêler nos voix.
Les crêpes nous attendaient bien au chaud. Un festin sur des tables revêtues de nappes colorées accompagnées de serviettes fleuries en ce Mardi Gras. Toute beauté engendre une harmonie bienfaisante pour les cœurs. Sur le chemin de table les fleurs que nous étions s’épanouissaient en échange lumineux pour notre croissance. Devant nous, défilaient jambon, crème d’avocat, confitures et chocolat pour nos crêpes, avec cidre, sablés et mendiants.
Nous étions maintenant après-midi ; la salle du chapitre nous permit un grand cercle. Toutes assemblées en un superbe bouquet, nous nous sommes présentées les unes après les autres, commençant par celles dont les racines se sont étendues au fils des ans, jusqu’à celles dans la fleur de l’âge. Chaque témoignage offert nous implantait plus profondément dans notre vocation. Embaumées du parfum de l’amour fraternel, dans un climat de respect émanant d’une belle écoute mutuelle, nous répandions une délicate exhalaison.
De nos différences germaient, peu à peu, des ressemblances.
Il n’était plus question de temps, de montre, chacune s’exprimait selon sa variété. Un partage mémorable, ô combien florissant, interprété joyeusement.
En nos cœurs, pointait déjà la date de notre prochaine rencontre. Elle aura lieu au printemps où, pour sûr, notre jardin sera en fleurs.
Merci, Seigneur, pour cette journée partagée, où nous avons goûté une délicieuse infusion de la vie fraternelle saveur clarisse !
Vermand et Senlis, une belle gerbe de fleurs !
Sur les pas de Sainte Claire
Dans les Hauts de France
Comme le disait Sainte Claire : « Nous sommes pélerines étrangères sur la Terre ». En septembre 2009, nous quittions Paris et notre boussole indiquait le Nord ! Après un déménagement mémorable nous nous installions à Senlis à la venue de l’automne et de ses premiers rayons d’or.
Senlis, cité royale dont l’histoire fourmille en richesses archéologiques.
Clarisses à Senlis, cela rime ! Notre monastère a éclos au milieu d’une flore dont la verdoyance nous émerveille. Il est blotti au pied du bastion de François 1er : notre histoire commence et s’imprègne du beau patrimoine alentour, enraciné dans la vie des hommes d’hier et d’aujourd’hui.
Une ville médiévale qui rappelle aussi que sainte Claire d’Assise a fondé son ordre au 13ème siècle en Italie. Depuis, des générations de sœurs se sont succédé en se transmettant le flambeau de la Vocation, essaimant en France, puis dans le monde. Le buisson ardent à la suite du Christ pauvre ne cesse de brûler sans se consumer.
Clarisses de Senlis, qui êtes-vous ? Nous sommes 6 religieuses au monastère.
Que faites-vous ? Voyez ! Senlis est bordée par trois forêts, ainsi, nous vous entourons chaque jour de notre prière attentive. Un véritable rempart de prières pour vous fortifier. Nous restons à votre écoute, que ce soit à l’accueil ou pour des temps de retraite sur demande.
Notre vie toute simple ressemble à la vôtre dans le contenu des jours avec en plus des offices chantés, la célébration de l’Eucharistie et des temps d’adoration du Saint Sacrement, tout cela ouvert au public. Voilà notre mission, celle qui se tourne vers vous, vos peines et vos espérances.
Mais qui dit mission dit transmission.
Nous sommes 800 ans après l’existence de sainte Claire au sein de la première communauté de clarisses, « les pauvres dames » ainsi appelées à l’époque. Comment transmettre cet héritage, ce vrai trésor, qu’est la vocation reçue au jour de notre appel. Quels que soient les aléas de la vie religieuse en France et en Europe, nous voulons témoigner concrètement que nous pouvons toujours vivre un parcours intéressant et fécond pour transmettre l’intuition de Claire, elle qui a attiré un grand nombre de femmes à se lancer, « confiantes, allègres et joyeuses sur le chemin du bonheur. » Faire, nous aussi, confiance aux jeunes dans leur ouverture et leur disponibilité à répondre au Christ, Lui qui appelle toujours. Dans nos prières, nous prenons à bras-le-corps tous ces jeunes en quête du meilleur pour leur avenir. L'air ambiant ne les pousse pas vers nos communautés. Le Seigneur nous envoie de nombreux amis qui nous aident et qui agissent finement dans la discrétion et nous les remercions.
Exister pour transmettre et non transmettre pour exister. Nous ne savons pas les projets de Dieu, et en même temps : « Le peu que l’on peut faire, il faut le faire. » disait Théodore Monot.
A nous de faire ressortir certaines valeurs oubliées, même rayées des cartes, telles que : le silence habité par la présence de Dieu et de nos frères, la prière en parlant à Dieu comme à un Ami, la disponibilité, l’écoute, les vraies rencontres, le respect de la Création, la douceur, la bienveillance, le soin des autres, enfin cultiver l’être, le faire grandir en faisant grandir le Seigneur en nos cœurs.
Alors que les flots de la Nonette ondulent à souhait au rythme de frère vent, la vie murmure son désir de poursuivre son cours à la suite du Christ dans les pas de sainte Claire.
Si le cœur vous en dit : « Venez et voyez. »
Vous serez les bienvenus !
Le 2 Mai 2016, nous allons à la cathédrale pour le jubilé de la Miséricorde.
JUBILE-2016 des Clarisses de SENLIS from Clarisse Senlis on Vimeo.
Prière Pour Passer La Porte de La Miséricorde
Ô Père Très Saint, Dieu Tendre et Miséricordieux,
au seuil de cette Porte Sainte,
pose sur nous ton regard de bonté.
Qu'en la franchissant, nos cœurs se tournent résolument vers Toi.
Ecoute, Seigneur, et Prends Pitié !
Accorde-nous la grâce d'un vrai repentir par Ton Fils Bien-Aimé, Jésus le Christ.
Par la force de Ton Esprit-Saint, soutiens-nous sur ce chemin de conversion.
Inspire-nous les gestes de réconciliation et les œuvres de miséricorde à accomplir et garde-nous de condamner les autres.
Rends-nous forts dans le combat contre le mal, vigilants dans l'écoute de Ta Parole, heureux d'être signe de Ton Amour.
Ecoute, Seigneur, et Prends Pitié !
Pardonne-nous, sanctifie-nous,
pour que nous puissions, à l'heure de notre mort, paraître devant Toi, purifiés de toute souillure,
et chanter à jamais avec tous nos frères Ta Miséricorde.
Amen.
PRÉSENTATION de notre COMMUNAUTÉ
(montage réalisé pour la réunion de la famille franciscaine de l'Oise 2014)
Presentation des Clarisses de Senlis from Clarisse Senlis on Vimeo.
Nous sommes le 11 Novembre 1215,
le pape Innocent III ouvre le concile par un discours au retentissement considérable.
Voici comment Fr Damien Vorreux (dans Un symbole franciscain, le TAU, 1977 page 16) nous le dit :
Les chiffres ont peut-être aussi leur éloquence : il y eut, à Latran IV, un total de 2 212 Pères Conciliaires7, dont 412 évêques, 800 abbés et prieurs, le reste étant composé de diverses personnalités : ambassadeurs, théologiens, représentants de chapitres de chanoines, ou encore chefs de mouvements spirituels. Au nombre de ces derniers on peut compter François.
Et voici où intervient le Tau. Le pape Innocent III ouvrit le Concile, le 11 novembre 1215, par un sermon d'une ampleur et d'une envolée admirables, qui eut aussitôt un grand retentissement8. Il prend pour thème la parole du Christ : « J'ai désiré d'un grand désir manger cette Pâque avec vous » (Lc 22,15). Puis il rappelle que Pâque signifie Passage, et il souhaite que le Concile, nouvelle Pâque, fournisse l'occasion d'un triple passage corporel, spirituel et éternel : - le passage corporel serait le départ d'une armée pour la libération de Jérusalem ; - le passage spirituel devait -être le passage d'un état à un autre, c'est-à-dire une conversion, une réforme de l'Eglise universelle ; - quant à la Pâque éternelle, passage de la vie à la vraie Vie, c'était par les sacrements, par l'Eucharistie surtout, qu'elle devait s'opérer.
La deuxième partie (le passage spirituel) est un commentaire énergique du chapitre 9 d'Ezéchiel ; le pape reprend à son compte ces paroles de Dieu à son prophète : « Passe par le milieu de la ville, et marque d'un Tau le front des hommes qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les abominations qui s'y commettent ! » Et il ajoute : « Tau est la dernière lettre de l'alphabet hébreu, et sa forme dessine une croix, telle du moins que se présentait la croix avant la pose de l'écriteau de Pilate. Tau est le signe que l'on porte au front si l'on manifeste dans toute sa conduite le rayonnement de la croix ; si, comme dit l'Apôtre, on crucifie sa chair avec les vices et les péchés ; si l'on affirme : Je ne veux mettre ma gloire en rien d'autre que dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde a été crucifié pour moi, et moi pour le monde... Soyez donc les champions du Tau et de la Croix ! »
Tel est l'appel qu'entendit François, appel à une mobilisation générale pour une croisade de conversion et de pénitence.
L'image du Tau et la référence à Ezéchiel étaient d'ailleurs familières au pape Innocent III (et donc à ses contemporains). Dans une lettre au Patriarche d'Arménie, par exemple, il lui annonce qu'une armée de chevaliers va s'embarquer à Venise, et il lui décrit ces porteurs de croix (les « Croisés ») comme marqués au front du Tau d'Ezéchiel 9. Ailleurs, dans son Traité sur le Sacrement de l'autel10), il parle de la lettre T, qui est la première du Canon de la Messe (celui-ci commence par : Te igitur) ; il rappelle l'importance, même du seul point de vue graphique, de cette initiale qui, par la suite, envahira toute la surface de la page de gauche dans le missel, et il dit qu'il y a là une intention providentielle, non pas une intention humaine : en effet, cette lettre représentant la croix « n'est autre que le Tau de pénitence et de salut dont le Seigneur a confié le ministère à Ezéchiel. »
Quelle fut la réaction de François ? Il reçut comme un message personnellement adressé à lui le discours d'Innocent III. Le pape avait dit : « Miséricorde sera faite à ceux qui porteront le Tau, marque d'une vie pénitente et renouvelée dans le Christ ». François voulut donc se signer lui-même du Tau, et ses frères avec lui ; le Tau deviendra le signe de la vocation de l'Ordre.
7. Wadding, Annales, 1215, XXXV. Et cf. Hefele-Leclercq, Histoire des Conciles, V, 2, 1316-18.
8. Texte latin dans Migne, PL 217, 673-80.
9. Lettre 46, PL 214, 1012.
10. III, 2 ; PL 217, 840.